Pour expérimenter quoi?

 

Télécharger les comptes-rendus des journées d'échanges de pratiques des équipes d'accompagnement des ACI EPIDA:

- 03 Juin 2014pdf

3 décembre 2013 pdf

19 septembre 2013 pdf

 

 

Proposer une durée de parcours adaptée au besoin et au rythme de chacun :

Epida propose de prolonger la durée du parcours en insertion des personnes les plus en difficulté au regard de l'emploi, et fragilisés par des difficultés d'ordre social, ou liées à leur état de santé.

Epida fait l'hypothèse qu'avec un accompagnement adapté, dans le contenu et dans la durée, chaque personne accompagnée peut accéder à un emploi, et à défaut, qu'il peut être envisagé de dégager des pistes novatrices pour les personnes n'accédant pas à un emploi classique, à travers un autre modèle d'insertion par l'activité économique. C'est tout l'enjeu du chantier dédié de Solid'Action-Entreprise Solidaire en Isère qui expérimente une autre mode d'organisation du travail et d'accompagnement permettant d'encourager la mobilité interne et externe, au plus proche des pratiques d'une entreprise classique. A Solid'Action, des groupes de travail ont démarré pour réfléchir à l'Après EPIDA.

L'objectif est donc d'éviter les ruptures de parcours, et la discontinuité de l'accompagnement, chaque salarié ayant le choix et le droit à l'erreur.

Les premiers constats montrent qu'accompagner les salariés au delà des 24 mois classiques questionne sur les pratiques d'accompagnement à imaginer ou à repenser pour maintenir une dynamique tant au niveau du poste de travail, que de l'accompagnement vers l'emploi.

Des groupes de travail réunissent les équipes d'accompagnement afin d'échanger sur les pratiques d'accompagnement :

  • Les salariés EPIDA, typologie et besoins, quelles réponses apporter ?

  • Accompagner dans la durée, quelles sont les conditions de réussite ?

  • Accompagner vers et dans l'emploi, quelles sont les conditions de réussite ?

LA PAROLE EST AUX SALARIES EPIDA

« j'ai besoin d'être rassurée sur mes capacités et d'être soutenue dans ce que je fais au travail »

« Pour moi l'important c'est de travailler, pour éviter de replonger »

« Ce travail m'aide beaucoup car je gagne de l'argent et je bouge. Si je reste à la maison, je souffre car j'ai beaucoup de choses dans la tête.»

« Avoir un soutien pour aller voir les patrons, aujourd'hui, je me sens pas prête »

« Si je n'avais pas de travail, je serai livrée à moi-même »

« ça me permettra d'obtenir une bonne expérience au travail, et de ne pas revenir là où j'étais avant »

Proposer un accompagnement renforcé, des passerelles avec les entreprises pour encourager le changement et ouvrir le champ des possibles :

Le point commun des salariés Epida est d'une part l'envie de travailler et d'autre part, le manque de confiance en soi, le stress face au changement et aux imprévus, et les difficultés d'adaptation sur le poste de travail (manque d'initiatives, de productivité, de polyvalence, …), qui génèrent une peur.

Epida a souhaité proposer une palette d'outils permettant d'ouvrir le champ des possibles, et d'encourager les équipes d'accompagnement et les salariés EPIDA à oser et à tenter de nouvelles expériences dans un cadre sécurisé. Des journées de rencontre ont ainsi été organisées avec l'ensemble des équipes des ACI participant, afin de convenir ensemble des modalités de mise en œuvre de l'expérimentation et des moyens à déployer :

  • tout d'abord à travers le prolongement de la durée de parcours, et une pédagogie centrée sur l'appropriation des capacités par les personnes accompagnées et sur le « faire autrement »,

Une formation de 6 jours, sur la démarche de Reconnaissance des Acquis et de l'Expérience, basée sur la pédagogie de Paolo Freire, a été proposée aux salariés permanents des ACI en charge de l'accompagnement socio-professionnel. Cette démarche propose d'adopter un changement de posture et une méthodologie, qui demande à se décaler, à faire autrement, à partir d'entretiens individuels, ou d'ateliers collectifs. L'objectif est que chaque salarié prenne conscience et s'appuie sur ses capacités et stratégies d'apprentissages pour continuer son parcours.

Télécharger la présentation de la démarche et le bilan de la démarche de Reconnaissance des Acquis de l'Expérience

  • et ensuite à travers des liens renforcés avec les entreprises : les immersions (stages en entreprises rémunérés), la possibilité de suspendre le contrat de travail CAE pour une mission de courte durée, avec un maintien de l'accompagnement dans l'emploi, l'ACI hors les murs, les Clubs d'entreprises mettant à disposition leur réseau et leurs compétences, au service des salariés.

Les ateliers collectifs, pour acquérir de la confiance, et faciliter le changement

Comme dit plus haut, les équipes d'accompagnement ont évoqué, au démarrage de l'expérimentation, un grand manque de confiance des salariés EPIDA, et l'organisation d'ateliers collectifs a été un moyen de répondre à ce besoin et surtout d'instaurer une dynamique, un espace d'échanges, de confrontation au regard des autres, dans un cadre de respect mutuel et de non jugement. Ils ont permis de réunir les salariés EPIDA, ne se connaissant pas au départ, rassemblés de par leur statut commun, porteur de sens : « Avec les collègues, c'est pas pareil, on travaille c'est tout, on peut pas parler de soi »

L'objectif est donc avant tout, à travers une reprise de confiance, une meilleure connaissance de soi, et éventuellement une activité créative, d'enclencher une dynamique de changement individuelle.

LA PAROLE EST AUX SALARIES EPIDA

C’est quoi pour vous  « le changement » ?

« Pour changer il faut se connaitre »

« Le changement peut faire peur »

« Parfois, je préfère ne pas changer, c’est risqué »

« Quand on évolue, les autres ne comprennent pas. »

L'impact des ateliers collectifs vu par les salariés :

« Je me disais : à 43 balais, tu ne vas pas te mettre à faire de la sculpture. J’aurais mieux fait de me dire : on tente, je le prends comme un jeu et on verra après. Ca prouve que je peux faire quelque chose qui plaît aux gens. Ca provoque une ouverture d’esprit chez moi, ça change mon regard. Je commence à avancer tout seul car ça m’a donné envie d’aller plus loin. Avant, je pensais quelque chose et je ne faisais pas. Maintenant, je pense et je dis : je vais essayer. »

« Le groupe peut apporter une solution à chacun. »

« Tout ceci m'a ouvert l'esprit et m'a permis de m'extérioriser. »

« dessiner ma vie, ça m'a fait penser »

Exemple de N. qui a participé à l'Atelier fil de Tremplin, et dont les œuvres ont été exposées aux Journandises

Malgré sa réticence au départ (un rejet de quelque chose qui lui apparaît comme puéril), a créé un labyrinthe, sous la forme d'un jeu de problème/solutions, pour parvenir à une clairière où il fait bon vivre.«  c'est par les autres que l'on se construit, Ce que l'un dit, entre en écho avec ce que l'autre ressent  »

                                           le fil1le fil2

Légende : Le personnage à droite dit : « j'ai riposté en l'insultant » Le personnage à gauche répond : Réfléchis avant d'agir »

Les allers-retours en entreprise, avec la possibilité de suspendre le contrat CAE de manière dérogatoire :

La réglementation précise qu'il est possible de suspendre le CUI-CAE pour "accomplir une période d'essai afférente  à une offre d'emploi visant une embauche en contrat de travail à durée indéterminée ou à durée déterminée au moins égale à 6 mois. En cas d'embauche à l'issue de cette période d'essai, le contrat est rompu sans préavis."

Il est apparu nécessaire dans le cadre d'EPIDA de permettre aux salariés de saisir toutes les opportunités d'emploi qui s'offrent à eux, tout en sécurisant le parcours. L'objectif est pour eux de se faire connaître et de faire valoir leurs compétences sur le terrain, plutôt qu'à travers les méthodes de recrutement classiques qui représentent bien souvent pour eux une barrière infranchissable, du fait de leur manque d'expérience, de mobilité, de qualification, ... et de la source d'angoisse que cela génère.

EPIDA a donc obtenu l'autorisation de déroger aux conditions de suspension habituelles, permettant ainsi de suspendre pour :

- une mission d'emploi de courte durée, inférieure à 6 mois,

- une formation de courte durée inférieure à 6 mois.

Mme L. a effectué 2 périodes d'immersions dans une entreprise de restauration. Elle a démontré son sérieux et ses compétences, et a pu décrocher un emploi grâce au soutien de son accompagnatrice qui a pu négocier ses horaires de travail lui permettant mieux de concilier son nouvel emploi avec sa vie familiale.

Mr D. a d'abord effectué une immersion, avant de signer un CDD de remplacement d'une personne en arrêt maladie, chez un artisan paysagiste, près de chez lui. Mr D. est aujourd'hui encore en mission de remplacement 16 mois après. En reconversion professionnelle, il acquiert une expérience en espace vert, qui lui faisait défaut, après 10 ans d'expérience dans la cuisine, et seulement 1 an en espace vert.

LA PAROLE EST AUX SALARIES EPIDA

« Je n'aurais pas pris le risque de signer pour 1 mois, si je n'avais pas su que je pourrais retrouver mon emploi dans l'ACI après.

« L'accompagnement c'était surtout pour bien me guider, que je ne fasse pas trop d'erreurs. Quelqu'un qui me pose et qui m'aide en fait. Il fallait qu'on me pose sur les rails et après, j'ai pris le train en quelque sorte, et le bon en plus. »

L"ACI hors les murs"

L'objectif est de permettre qu'une équipe de travail, accompagnée d'un encadrant technique, puisse réaliser, ponctuellement, une prestation de services au sein d'une entreprise partenaire. La prestation s’effectue au sein de l’entreprise, avec les équipements de l’entreprise, et dans les mêmes conditions de travail que son personnel.

La prestation de services s’effectue dans le temps de travail des salariés en insertion dans le cadre de leur CUI/CAE, ils sont dès lors rémunérés par l'ACI, comme toute autre tâche de travail afférente à leur contrat de travail.

L'équipe de salariés de l’ACI est sous la responsabilité de l’encadrant technique de l'ACI.

Il s'agit d'un outil qui ouvre d'autres portes, d'autres opportunités, en complémentarité avec d'autres outils tels que les périodes d'immersion en entreprise, les suspensions du contrat de travail pour une mission en entreprise...

L'intérêt pour les salariés :

  • Se confronter à la réalité de l'emploi en milieu ordinaire, dans un cadre sécurisé. Cet outil peut être utile en amont d'une période d'immersion pour dédramatiser l'image de l'entreprise et du patron.

  • Découvrir une entreprise, un secteur d'activités, vers lequel ils n'auraient jamais imaginé, ou souhaité se tourner

  • Acquérir ou révéler de nouvelles compétences

  • Se faire connaître par des employeurs

Le 11 juin 2013, les Ministères ont enfin donné l'autorisation d'expérimenter l'ACI hors mur à titre expérimental, sous réserve de l'accord des inspections du travail départementales !

Solid'Action-Entreprise Solidaire a eu l'accord le 18 octobre 2013, et a démarré en novembre 2013 avec 2 entreprises du Grésivaudan !!

LA PAROLE EST AUX SALARIES EPIDA

« Une entreprise comme L. (ACI hors les murs), jamais j'y serais allé avant, ça me faisait peur, j'avais peur d'affronter les gens. Pour moi, c'était des gens que je pensais supérieurs à moi. Parce que moi j'ai fait pas mal de prison, on a passé des années à me rabaisser et tout ça je pense que ça m'a pas mal bloqué au final. En plus, le casier judiciaire, ça fait peur aux entrepreneurs et à chaque fois, ils me rejettent. »

Télécharger le dossier de présentation de l'ACI hors les murs (Solid'Action).

Visionner le reportage sur l'ACI hors les murs (Solid'Action)

Le Club d'entreprises solidaires

L'objectif est de créer une dynamique territoriale au service du projet associatif de l'ACI, en vue de mettre à profit ses compétences et son réseau sous la forme de mécénat, et surtout de co-construire des solutions de travail pour les salariés accueillis en parcours d'insertion, soit en élaborant de nouveaux partenariats économiques permettant de découvrir des activités nouvelles (exemple de l'ACI hors les murs), soit en facilitant l'accès à l'emploi des salariés.

Exemple du CESAL, Club d'Entreprises Solidaires d'Alvéole :

 

Le CESAL a signé sa charte le 2 juillet 2013. Avec 25 entreprises adhérentes, le Club a commencé un travail de fond avec des rencontres planifiées tous les 2 mois, sur le développement d'activité économique (projet de conciergerie, ACI hors les murs), et d'actions de parrainage avec des chefs d'entreprise.

Ses objectifs :

  • Développer des passerelles entre les entreprises et l’insertion

  • Penser et créer de l’innovation sociale et économique

  • Etre acteurs du développement économique local

  • Développer un partenariat gagnant-gagnant

Un salarié EPIDA a déjà pu bénéficier du réseau d'un chef d'entreprise, devenu son tuteur. Il a réalisé du coaching à la recherche d'un stage, simulation entretien d'embauche et a mis en place une immersion dans le domaine de l'usinage.

La réflexion sur de nouveaux modèles économiques :

La réflexion sur l’émergence de nouveaux modèles économiques est née d’une nécessité de développer l’offre d’insertion de salariés issus de chantiers d’insertion, dans une période de raréfaction de l’emploi qui les frappe plus durement que les autres.

Les ACI EPIDA sont particulièrement préoccupés par le contexte actuel et la manière de continuer à remplir leur mission :

Comment continuer à prendre en compte les personnes les plus éloignées de l'emploi classique, dans un contexte économique tendu et une réduction des subventions, qui demande aux structures d'insertion par l'activité économique un niveau de rentabilité, d'exigence, de compétitivité de plus en plus important ?

Pour ce faire, EPIDA se propose d’accompagner certains ACI dans leur projet de développement, et de soutenir leur engagement autour de la diversification des activités, des ressources financières (notamment avec des outils de finances solidaires), en lien avec les acteurs économiques, privés et publics, dans un souci de développement territorial.

Solid'Action travaille sur la poursuite de son chantier dédié après l'expérimentation au 1er janvier 2015, impliquant à la fois des exigences économiques, l'intégration de publics rencontrant des difficultés d'accès à l'emploi classique, une mixité des publics et la mise en place d'une organisation apprenante.

Solid'Action a démarré en juin 2013 un groupe de travail à cet effet.

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